Lionel Dekanel
(biographe officiel et initié des Dirteez
:-)
a écrit un bout de l'histoire. La voici :

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The DIRTEEZ  Fire walk with us

Arrivés à ce stade, je ne vois que deux solutions : soit vous êtes abonnés a Rock Hardi depuis 20 ans et vous savez déjà (presque) tout des Dirteez, soit vous sortez de 30 ans de cryogénisation et le summum de la modernité en matière de rock c'est Yes ou Genesis (beurk, beurk, beurk !), et là, franchement, je vous plains.
C'est donc à vous, là, les petits derniers, que je vais m'adresser, en espérant sauver votre âme pervertie par le grand méchant rock progressif (teuheu teuheu teuheu ! désolé, je fais de l'allergie). Sachez donc avant toute chose que s'il est un groupe qui incarne à merveille le rock'n'roll way of life, pour le meilleur comme, parfois, pour le pire, ce sont les Dirteez.

Ils ont traversé les 17 dernières années l'espoir chevillé au corps, l'électricité travaillée au chalumeau, le capital chance définitivement bloqué dans la zone rouge, et la ténacité élevée au rang d'art majeur. Les Dirteez ont tout connu, tout vécu, tout subi, tout avalé, tout recommencé. Des périodes les plus noires aux concerts les plus sauvages, des disques les plus prometteurs aux sabordages les plus incongrus, des errances les plus motivantes aux silences les plus pesants. 

Tout ne s'annonçait pourtant pas si mal quand les fées se penchèrent sur leur berceau en 86. Une culture rock qui, d'Elvis aux Cramps, des Sonics à T. Rex, de Johnny Horton à Russ Meyer, de Traci Lords à John Waters, écrémait le côté le plus obscur de la Force, une volonté de se démarquer d'un business auquel ils ne voulaient certes pas s'apparenter, une énergie d'écorchés vifs qui les rendaient électriquement authentiques et sincères, un second degré et une distanciation qui les autorisaient à toujours regarder devant eux et jamais derrière, rien ne semblait devoir les arrêter. Et, de fait, ils ne se sont pas arrêtés. Pas faute d'en avoir eu plus que leur part d'occasions. Du premier single raté (à cause d'un deal foireux comme bon nombre de groupes débutants en firent les frais) au naufrage de Go Get Organized qui venait pourtant juste de sortir
leur premier album, "The wild side of love" (produit par Chris Wilson, ex Flamin' Groovies et Barracudas), les premières années d'existence des Dirteez furent celles des galères et des rendez-vous manqués. Mais finalement, pas pires que celles vécues par d'autres gangs dans la même situation.

Leur restait la scène, où les Dirteez prenaient leur envol, habités d'une énergie extatique et hantés par les fantômes de leurs idoles. Les concerts des Dirteez, encore maintenant, c'est une communion délibérément électrique, une messe idolâtre où le sacrifice n'est jamais vain, une cérémonie où le rock'n'roll est célébré avec force, conviction et juste ce qu'il faut de déférence pour ne pas tomber dans la béatitude hébétée d'une secte de zélateurs trop hypnotisés pour ne plus en apprécier la virulence et la puissance. 

Ces premières années ne présageaient pourtant pas de ce que furent les 90's pour les Dirteez : une décennie entière sans disque, à déménager sans cesse, à enregistrer des démos qui n'aboutiront jamais, à donner des concerts sporadiques autant qu'essentiels. Les Dirteez vont ainsi faire des milliers de kilomètres, de Paris à Sète, de Montpellier à Nice (aujourd'hui ils vivent à Marseille, pour combien de temps ?), et, surtout, vont attendre 2000 pour ressortir un disque (10 ans après "The wild side of love" !). 
Revenus de tout, il ne leur restait plus que la solution de l'autoproduction pour se rappeler à notre bon souvenir. Oui, c'est une pitié de devoir le constater, mais aucun label ne s'est présenté pour signer les Dirteez. Ce qui peut sembler normal pour une major, qui ne saurait certainement pas comment faire pour promouvoir les Dirteez (si une major s'intéressait au rock ça se saurait), devient proprement incompréhensible et hallucinant quand on se tourne vers les labels indépendants ou underground. Les voies du business, à quelque niveau qu'on se situe, sont décidément bien impénétrables. 
Les années 2000 ont pourtant vu les Dirteez redoubler d'activité, comme pour mieux combler cette décennie de vide.
2 albums sont déjà sortis depuis cette "renaissance", "Labyrinth" en 2001 et "Talisman" en 2003.

Aujourd'hui, le groupe, autour de son noyau dur, Clint Lha Zar (chant), Wild Cat Lou (guitare et chant) et Jack Redrum (basse), semble plus serein qu'il ne l'a jamais été (malgré les coups du sort, ils n'ont jamais voulu cessé d'y croire, encore
et toujours). 


Ma première rencontre avec les Dirteez remonte à 88, et nous ne nous sommes jamais perdus de vue depuis. Preuve que ces gens-là savent être fidèles en amitié autant qu'ils peuvent l'être musicalement. Je ne compte plus les interviews que nous avons faites ensemble, ni les concerts où j'ai toujours été impressionné par cette flamme qui brûle en eux, ou les séances studio à profiter de l'élaboration de titres qui, hélas, ne virent jamais le jour. Quand j'ai lancé mon label
"442ème Rue", il était évident que les Dirteez figureraient au catalogue, ce qui s'est passé, avec la sortie de deux 45 tours, dont l'un sous l'appellation de Gloomy Machine, éphémère dénomination qu'ils adoptèrent pendant une paire d'année, au cours de la période la plus sombre de leur histoire, comme pour tenter d'exorciser la malédiction qui semblait coller au nom de Dirteez.
Aussi, grande est ma joie de les voir sur ce "Greatest tits" avec un inédit des années 93-94, un "Fire walk with us" inspiré à la fois d'un texte amérindien et du "Twin Peaks" de David Lynch. 

Que le feu soit toujours avec nous ! 
 

Texte paru dans


Depuis les Dirteez ont enregistré deux albums chez Lucas "Kaiser" Trouble,
sortis sur Nova Express Records : "The Curse of the haunted cobra" en 2004 et
"A fistful of blue spells" en 2006.
Ils vivent toujours à Marseille, ont un nouveau batteur "Don Donuts"
et se préparent à sortir un album pour septembre 2008, et un live.